Je suis une classique introvertie. Je suis bien dans ma bulle avec mon conjoint, mon chien, mes livres et mon téléphone-extension-de-moi-même. Je suis une adepte du magasinage en ligne et je suis capable de faire mon épicerie sur mon téléphone, couchée sur le divan. Des vacances à la maison sont exactement comment je passe mes jours actuellement. Je devrais donc être aux anges en ce moment?…
Pas vraiment. Il me manque ces petits quelque-chose que vos employés doivent aussi ressentir en ce moment. Outre le sentiment désagréable d’être confiné sans en avoir le choix, l’immense empathie envers ceux qui sont financièrement mal pris et l’incontrôlable sentiment d’impuissance face à la situation actuelle, le manque de social au travail me pèse énormément.
Je m’ennuie de « jaser »
En tant que leader, vous vous dites, « au moins le télétravail va couper le jasage inutile qui affecte la productivité » et « les employés ont juste à parler avec leurs amis au téléphone ». Pas si simple. Notre vie sociale au travail prend beaucoup de place dans notre vie quotidienne. On crée des liens importants avec nos collègues et du jour au lendemain, nos conversations autour de la machine à café ont disparu. « Qu’as-tu fait de bon en fin de semaine? », « Tu ne devineras jamais ce que X a dit à la réunion, c’était vraiment drôle! », « Merci de m’avoir prêté ce livre, c’était vraiment bon! ». Etc.
Après ces petits intermèdes dans le corridor, on retourne à notre bureau avec le sourire, le cerveau prêt à se concentrer. À la maison, je n’ai pas d’intermède sociale et je ne croise personne à la machine à café. Je ne peux donc pas avoir de moments sociaux improvisés avec mes collègues, partager des inside jokes du boulot ou parler d’un projet en commun.
Alors, on peut faire quoi pour éviter le manque de social au travail?
Il faut se dire que ceci est un problème que plusieurs employés n’ont peut-être pas encore réalisé dans la foulée des changements soudains des dernières semaines. Voici donc une opportunité de mettre en place des petites actions proactives dans votre nouvelle organisation du travail avant que tout cela n’affecte trop le moral de l’équipe.
Voici une petite liste d’idée pour vous faire réfléchir :
- Planifier un peu plus de temps lors de vos appels téléphoniques et encourager les employés à faire de même. Ceci donnera le temps de prendre des nouvelles.
- Encourager le travail d’équipe. Nouveauté dans ma vie : J’entends mon conjoint programmeur faire ses révisions de code avec un collègue presqu’à tous les jours. Cette habitude de faire réviser un travail par un collègue peut s’appliquer à plusieurs autres situations : révision de texte, révision d’entrée de données, etc. Vous pourriez aussi permettre aux employés de se diviser des tâches pour assurer que la collaboration fasse partie du quotidien. Débutez avec une simple question telle que « Aimerais-tu partager ce projet avec un collègue? Avec qui as-tu envie de travailler? » et vous verrez comment deux têtes peuvent apporter des nouvelles idées!
- Défis d’équipe : un café virtuel avec un collègue pour apprendre quelque chose de nouveau de ce dernier à chaque semaine, partager une photo de son bureau à la maison et deviner quelle photo appartient à qui, concours culinaire pour les lunchs à la maison, l’animal de compagnie le plus mignon gagnera la mention Employé du mois, etc. Ces petits défis pimenteront certains appels opérationnels et feront sourire.
- Établir une routine sociale : L’improvisation sociale n’est plus la même lorsqu’on ne se croise pas dans les corridors. Il faut maintenant générer des moments. Un 5 à 7 virtuel, une tournée d’appels planifiés dans votre agenda, encourager à utiliser le téléphone vs les outils de chat et les chaînes de courriels, etc.
Voilà des actions de gestion qui pourraient occuper une plus grande place dans votre routine en tant que leader.
Mais vous n’êtes pas seul!
Faites de cet enjeu une occasion de discuter et socialiser avec les membres de votre équipe. Chaque entreprise a sa culture et elle se bâtit au quotidien grâce aux employés. Votre équipe est la mieux placée pour trouver les bonnes actions à implanter. Rappelez-vous aussi qu’il est fort possible que la solution pour l’équipe A ne soit pas la même pour l’équipe B. Par exemple, le niveau du besoin de socialiser peut-être bien différent entre une équipe de vente et une équipe de TI. Laissez vos gestionnaires de première ligne vous assurer que leurs solutions sont adaptées aux besoins.
Ce changement de réalité peut générer en nous un sentiment de deuil d’une routine confortable perdue. En tant que leader, il faut risquer ce changement pour nos équipes et démontrer que vous êtes tous dans le même bateau. Cependant, laissez-vous le temps d’observer la situation et de vivre ce deuil avec votre équipe. Impliquez-les en encourageant le partage d’idées. Donnez-vous le droit d’essayer différentes méthodes et même, de manquer la cible parfois. Vous verrez, vous vous sentirez moins seul aussi.
Bon succès!
Laurie-Anne Foucault, CRHA
L’équipe Humania
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